Acte 1_Eva.
La peinture, la photographie et le corps humain se rencontrent dans un croisement de regards. Ecouter les témoignages et les points de vue est la base de ce projet.
Eva est une photographe, surfeuse et professeure de Yoga. Le mouvement, l'image et la posture du corps fait sens dans cette recherche.
Ce jour-là, nous nous sommes retrouvés dans mon appartement à Biarritz. Une toile accrochée au mur représentait le corps d'une femme nue. Reprenant les mêmes tons de couleurs, nous avons entamé notre travail tout en échangeant sur notre parcours et les effets de la peinture sur le corps, construisant ainsi le moment ensemble. Ensuite, nous avons travaillé sur la scénographie et Eva s'est lancée dans ses autoportraits. Nous ne nous étions rencontrés que quelques jours auparavant, discutant devant le coucher de soleil sur la plage de notre ville, à Seignosse. Très rapidement, nous avons ressenti le désir de réaliser ce projet ensemble.
L'expérience est singulière : celle de la photographe, ici modèle pour son propre objectif. Dans un jeu de miroirs, Eva se photographie à travers l'objectif, capturant avec son argentique son propre reflet paré des couleurs et des formes inspirées par la toile qui a donné naissance à cette œuvre.
C'est un acte d'introspection artistique, où elle se retrouve à la fois devant et derrière l'objectif, témoin direct du processus créatif qui se déroule sous ses yeux. Elle explore ici son identité, une fusion entre l'artiste et son œuvre, entre le modèle et le créateur.
À travers ces autoportraits, elle capture l'essence même de l'éphémère, figeant à jamais ces moments où l'art prend vie à travers son propre corps. C'est une rencontre intime entre la créatrice et sa création, où chaque image raconte une histoire unique, imprégnée des couleurs, de la toile, des murs blancs et de l'intimité du moment, de la rencontre.
Acte 2_Anaïs et Rémi.
Ce jour-là, nous étions trois. Anaïs, à la fois styliste et modèle, s'est prêtée à cette expérience sous le regard attentif du photographe de mode, Rémi Desclaux. Réunis dans un studio photo professionnel situé dans le quartier de Montparnasse à Paris, c'était un endroit où Anaïs avait déjà exercé.
J'avais préparé une toile à l'avance, la peignant pour qu'elle serve de fond et que le modèle puisse l'utiliser comme une enveloppe, un vêtement. Nous avons entamé la séance photo de cette manière, puis nous avons poursuivi en peignant sur le corps d'Anaïs en suivant les motifs de la toile. Pendant ce temps, le photographe orchestrait les mouvement du modèle et capturait les gestes du pinceau ressentis sur la toile et les transposait sur le corps avec son objectif et son expérience .
À travers cette expérience, Anaïs peut explorer la frontière entre l'art et la mode, entre le corps et la toile. Elle devient le lien vivant entre la création artistique et l'expression personnelle. Avec ce corps peint, elle se réinvente, se transforme en une œuvre d'art vivante et éphémère.
C'est un acte de libération et de transformation, où les frontières entre l'art et la vie, entre le modèle et l'artiste, s'effacent pour laisser place à une expression authentique et profonde. La peinture devient bien plus qu'un simple vêtement ; elle devient une extension de son être, une nouvelle façon d'explorer.
